Nouvelles juin 2017: Un coup d'Etat néo-libéral néolibéral

Macron veut des résultats

Peu après les élections, le 23 mai 2017, Emmanuel Macron, le président français fraîchement élu, a lancé son projet de politique économique qui lui tient le plus à cœur : la déréglementation du droit du travail, projet resté inachevé à ses yeux lors de son mandat en tant que ministre de l’Économie sous François Hollande. Son objectif : suivre l’exemple allemand, voire le surpasser. Le chantier auquel il s’attelle personnellement fait, selon lui, figure de signal fort, en France comme dans les autres pays européens. Il a annoncé vouloir promulguer la loi-cadre cet été, alors que l’Hexagone sera en vacances. Selon ses déclarations, il se passera d’un vote à l’Assemblée nationale ; le gouvernement pourra en fixer les détails par ordonnance. Circonspect, son porte-parole a ajouté que personne n’avait le droit de bloquer la France… ce qui même avec toute la volonté du monde est difficilement possible pendant les mois d’été.

 Un coup d'Etat néo-libéral néolibéral. Nous souhaitons mettre en garde dans ce qui suit contre les conséquences fatales de ce projet pour la France et pour l’Europe.

 Bientôt des salariés « compétitifs » en France ?

 Macron souhaite d’une part largement supprimer la protection des travailleurs contre le licenciement pour réduire les coûts pour le patronat en cas de licenciement et leur faciliter la tâche. D’autre part, et c’est là la pierre angulaire de la réforme envisagée, il entend briser le pouvoir des syndicats nationaux et des accords de branche valables dans l’ensemble du pays. Depuis la déréglementation du droit du travail l’année dernière, la question du temps de travail peut d’ores et déjà être actée à l’échelle de l’entreprise. Désormais, tous les autres points, tels que la rémunération, devront faire l’objet de négociations entre les entrepreneurs et les responsables du personnel au sein même de l’entreprise. Les résultats de ces tractations devraient même primer sur le droit du travail national. Un syndicat sera uniquement autorisé à participer aux négociations s’il représente plus de 50 % du personnel. Si cette mesure est instaurée, elle ne fera que court-circuiter les syndicats minoritaires, en plus de briser le pouvoir des syndicats nationaux et l’application obligatoire des accords de branche.

 Surpasser l’Allemagne, champion de l’exportation ?

 En Allemagne, la déréglementation du travail sous le gouvernement de Gerhard Schröder avait fortement réduit les coûts unitaires de la main-d’œuvre et permis aux entreprises exportatrices de conquérir de nouveaux marchés grâce à des prix plus bas. Macron est-il en passe de surpasser l’Allemagne, champion de l’exportation, avec une déréglementation encore plus poussée du marché du travail ?

L’Allemagne, l’exemple à ne pas suivre

 Les statistiques ci-dessous montrent clairement qu’il y a un fossé entre le bilan positif de l’industrie exportatrice allemande, considérée par tous comme un véritablement modèle en matière d’économie, et le sort des salariés. Contrairement à leurs collègues de tous les autres pays développés, ils ont subi un phénomène notable de baisse des revenus. (La moitié la moins bien payée ont même vu leur salaire réel baisser d’entre 13,1 et 23,1 %.) Les entreprises ont le vent en poupe, et pourtant, de plus en plus de professionnels bien formés sont forcés de mener 2 ou 3 emplois précaires de front pour pouvoir payer ne serait-ce que leur loyer en hausse constante.

  La concurrence ruineuse entre les champions de l’exportation

 Vouloir emboîter le pas à tout prix au modèle allemand aura des conséquences fatales. Tous les pays ne peuvent pas être champions de l’exportation. Toute nation ayant un excédent d’exportation a besoin de pays qui importent plus qu’ils n’exportent. Si la France se met à terroriser les économies voisines à coups de salaires de misère (ce que tentent également de faire l’Espagne, l’Italie et la Grèce), nous serons tous perdants. Partout, les revenus baissent et les salariés perdent des droits et la sécurité du travail s’érode. Tout le monde fait de l’œil aux marchés, aux soi-disant investisseurs qui espèrent des rendements en or grâce à des salaires au plus bas – une concurrence qui ne fait que plonger davantage les citoyens de l’Union européenne dans la pauvreté et les priver de leurs droits.

 Une évolution loin d’être inéluctable

Ne tolérons pas plus longtemps que la protection sociale s’effrite pour de plus en plus de personnes en Europe et qu’elles soient condamnées à une compétition sans merci qui s’étend à presque tous les aspects de leur vie ! Cette évolution est loin d’être inéluctable. Notre seule chance, c’est de reconnaître là où sont nos intérêts. Le film « À la merci du marché » entend proposer un outil pour échapper à cette spirale.

 Nous sommes dans la dernière ligne droite : aidez-nous à ce que ce film voie le jour ! Il aidera à renforcer la solidarité afin que nous ne sombrions pas dans la concurrence tandis que les riches continuent de s’enrichir.