Nouvelles novembre 2013: Les Allemands devraient être fiers - et c’est également ce que croient la plupart des Européens

  « Le monde entier nous envie notre situation », a déclaré récemment le président du parlement allemand, Norbert Lammert : le taux d’emploi est à son plus haut niveau depuis des années. Toujours selon lui, le chômage est au plus bas depuis la soi-disant « réunification ».  « Nous nous portons bien », nous dit-on en Allemagne. C’est également ce que croient la plupart des Européens. Mais tous ceux en Allemagne qui ont des enfants en train d’entrer dans l'âge adulte en doutent fortement. Seule une minorité de cette nouvelle génération en Allemagne a la sécurité que procure un contrat de travail, sécurité qui, il y a 20 ans, allait de soi pour la majorité. En Allemagne, ils sont déjà 43,5 % à vivre dans une incertitude existentielle permanente : ils sont en stage ou en intérim, enchaînent les CDD, les « mini-jobs » ou les contrats d’entreprise ou sont à leur compte dans une situation précaire. C’est de loin le plus haut taux de travail précaire en Europe après la Grèce ! Mais la France, le Portugal, l’Espagne et l'Italie suivent à présent, depuis que leurs gouvernements respectifs ont libéralisé le marché du travail.

Dans l’Europe occidentale d’hier, l’ascension sociale allait de soi.

La voiturette laissait place à une voiture de classe moyenne ; les enfants d’ouvriers allaient à l’université. Jusqu’au début des années 1990, les revenus réels ont augmenté de manière constante. Les « relations de travail normales » (un CDI assorti d’une protection contre le licenciement qui garantissait un niveau élevé de sécurité sociale) étaient la norme. Tous les citoyens avaient droit à un revenu minimum social (en cas de maladie, de chômage, de pauvreté et de vieillesse, par ex.) ainsi qu’à la participation sociale au système d’éducation et de santé. Les revenus ont crû à mesure de l’augmentation de la productivité. Durant cette période, les riches se sont donc enrichis, mais les employés ont bénéficié de la même hausse de leurs revenus : leur part du « gâteau » de l’économie est restée à peu près la même.

 Ces années « dorées » sont le fruit d'une croissance économique élevée et constante et de la conviction que la hausse des salaires et des prestations sociales maintiendrait le niveau positif de l'économie. La demande croissante en produits de consommation de masse fournissait un débouché pour la production de masse, elle aussi florissante.

 Fin de l’accord sur l’économie sociale de marché

 Lorsqu’au milieu des années 1970, la croissance économique a imperceptiblement ralenti et que les taux de profit moyens ont baissé, de plus en plus de détenteurs de capitaux et leurs idéologues ont mis fin au principe de la compensation sociale. Une déréglementation des marchés de la finance et du travail, la transformation des droits sociaux en prestations réduites conditionnées par certaines obligations et la privatisation d’établissements publics (un État « dégraissé » et partiellement privatisé) étaient censées permettre un retour aux profits effervescents chez les riches. Depuis cette époque, de plus en plus de capitaux ont échappé à l’économie réelle pour alimenter le secteur financier. Il a ainsi pu renouer avec des rendements supérieurs à la moyenne, et ce, grâce à la spéculation. Les grands groupes de l’économie réelle ont eux aussi été financiarisés : ils se sont pliés au diktat de la valeur actionnariale et à la recherche des meilleures valeurs boursières sur le court terme. Cela a privé (et prive) l’économie réelle des capitaux nécessaires pour investir sur le long terme. Les investissements chutant, la croissance économique a elle aussi continué à baisser et nous nous dirigeons vers une stagnation permanente.

 L’échec du tournant néolibéral ?

 Si l’on s’intéresse aux conséquences pour les 99 %, les résultats de la déréglementation sont catastrophiques. Mais du point de vue de ceux qui ont provoqué les bouleversements au sein de la société depuis les années 1980, quel succès ! Les 1% les plus riches, eux, sont de plus en plus riches.

 « L’Allemagne se porte bien »

 Depuis 1993, les revenus réels en Allemagne sont en baisse. Au cours des 10 dernières années, ils ont chuté de 4,2 % en moyenne. Les 40 % de la population ayant les plus bas revenus ont même vu leur salaire réel baisser d’entre 13,1 et 23,1 %. Les 20 % supérieurs, eux, ont connu une augmentation des salaires durant la même période. Dans cette Allemagne soi-disant « modèle », un profond fossé s’est creusé entre les actifs et les riches détenteurs du capital en termes de revenus. Mais au sein même du groupe des actifs, l’écart entre les mieux et les moins bien payés croît lui aussi. Même dans les entreprises du secteur de l’automobile et de l’aéronautique, où le taux de syndicalisation est important, seule la moitié du personnel environ est salariée à l'heure actuelle. Le reste est composé d’intérimaires, de personnes en contrat d’entreprise ou de salariés d’entreprises externes, tous précaires. S’ils n’avaient pas la possibilité de licencier à tout moment 50 % du personnel (une main d’œuvre bien moins payée), les secteurs les plus florissants ne pourraient jamais atteindre les taux de profits exigés par les riches détenteurs du capital. Dans le secteur des services, qui connaît une croissance phénoménale, les emplois non soumis à des conventions collectives et les CDD à outrance sont de plus en plus dominants. Et plus on est jeune, plus on risque d’avoir un emploi précaire. Travailler, avoir un revenu, survivre, atteindre un certain prestige : plus rien n’est sûr, semble-t-il.

 L’évolution dont est victime l’ensemble de l’Europe à l’heure actuelle n'est pas une fatalité : elle est causée par l'être humain !

 D'où notre appel : aidez-nous à ce que le film « À la merci du marché » puisse voir le jour pour montrer comment la solidarité s’effrite et que nous risquons tous de sombrer dans la concurrence pendant que les riches continuent de s’enrichir.

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