Intro – Toujours sous tension

A propos de la chanson de Herman Van Veens « Sauve qui peut, poussez-vous » - Des gens pressés et hyperactifs courent dans tous les sens. Comme télécommandés par des écouteurs branchés à des Smartphones parlant frénétiquement tous seuls. Une maman coordonne nerveusement des rendez-vous par téléphone portable, son rejeton crie. Un père court vers l’école maternelle, deux petits enfants le suivent avec peine. Un autre fait son jogging tout en poussant un landau, téléphone et avale une pilule rouge. Au café, des visages à demi-cachés derrière leur Laptop. Constamment stressés dans un esprit de compétition face à la concurrence dans toutes les situations de leur vie. « Nous devons devenir compétitifs !» est la devise, la solution centrale de ce monde globalisé qui rapproche/unit les continents et les entreprises avec tous leurs employés. Qui veut se faire une place sur le marché du travail et dans la société, doit s’y préparer de tout son être dès sa plus tendre enfance. Entretemps, la concurrence est nôtre. Notre capacité à nous contrôler n’est qu’un aspect subjectif dans une nécessité objective. Selon Byung-Chul Han, Professeur en Philosophie et Sociologie à l’Université des Arts de Berlin, «jadis, les entreprises étaient en concurrence entre elles. Cependant, la solidarité en leur sein était possible. De nos jours, chacun est en compétition avec l’autre de plus en plus fortement, même au sein d’une entreprise. Cette concurrence absolue augmente certes énormément la productivité mais elle détruit la solidarité et l’empathie. Comment a-t-on pu en arriver à ce développement de l’humain flexible dans tous les domaines ? Est-il inévitable ? Le film « l’humain adapté au marché » analysera cette question ainsi que les suivantes : « que deviennent les personnes qui se collent au plus près au diktat du marché ? Que devient notre société ? Existe-t-il des alternatives et des moyens de contourner cela aujourd’hui ?


D’où cela vient-il ?

Basés sur des taux de croissance économique élevés depuis la Seconde Guerre Mondiale, des conflits permettant à la population de toutes les couches d’obtenir des droits sociaux étaient fondamentaux jusque dans les années 90.

Jusqu’alors, les pays occidentaux étaient marqués par un monde de grandes industries et de bureaux avec leur armée d’employés sous conventions collectives. Le soi-disant  «Emploi normal» (le travail à durée indéterminée avec la sécurité d'emploi, a assuré un certain niveau de sécurité sociale) était la règle à ce moment-là. La solidarité et le sens de la communauté avaient une valeur élevée pour la plupart des gens.

Mais, dès les années 70, la croissance économique entama un lent déclin. Aussi, il devint moderne dans un premier temps aux États-Unis et au Royaume-Uni depuis les années 1980, à la demande de l'état maigre, d’encourager la concurrence et la suppression de tous les obstacles au marché. A la même époque, tout était fait pour désentraver la concurrence mondiale.

Cette politique néolibérale fut d'abord reprise en Europe continentale par l’Allemagne au début du nouveau millénaire du gouvernement rouge-vert Schröder / Fischer. Même aujourd'hui, le SPD allemand est fier qu’à ce moment-là, on se positionnait si bien dans la compétition et permit d’énormes avantages de coûts par une réduction massive des impôts sur les sociétés et la déréglementation du travail au profit des entreprises allemandes .Frank-Walter Steinmeier, SPD, 2013, avant l'association des employeurs allemands: «Si vous vous souvenez d'une manière équitable, il y eut des réductions d'impôts décisives - dans un volume de plus de 60 milliards d'euros - sous un gouvernement socialiste : un allègement du taux d'imposition maximum avec la réduction des impôts sur les revenus et celle des impôts sur les sociétés, les heures de travail flexibles, la réduction de moitié des cotisations d'assurance-chômage ...... "

Depuis lors, la politique de réduction des impôts des sociétés et l'assouplissement du droit du travail est reconnue comme la clef afin d'attirer les investisseurs internationaux. Et l'Allemagne est un excellent exemple de réussite : meilleure résultats économiques jusqu'à présent !!


Personnes flexibles dans une production plus flexible

L'inconvénient de ce succès en Allemagne est également l’emploi de personnes flexibles dans une production plus flexible. Les prévisions de Michael Hartmann, professeur de théorie des élites "Il y a 20 ans, en Allemagne, 67,7% des personnes occupaient un emploi à temps plein avec l'assurance sociale. Aujourd’hui, elles ne sont que 39%! 43,5% des personnes travaillant dans l'incertitude permanente! Près de la moitié de la population active se trouve dans des stages, renouvelle leur emploi à durée déterminée, les contrats de travail et le travail temporaire. Beaucoup de gens pourtant bien formés cumulent jusqu’à 3 emplois pour joindre les deux bouts ».


 Vous dormirez à la fin du mois

Benno Fries, routier est à nouveau en tournée pour les sept prochains jours. Hambourg - Dortmund - Leipzig - Berlin - premières étapes aujourd'hui. Il incarne l’exemple de ce que sont devenus les «capitaines de routes" si fiers autrefois en raison de la déréglementation du trafic de camions à l'échelle européenne : «On ne nous considère plus comme des humains. On peut nous réprimander, insulter, balader comme des pions. Ça fait mal. "

Le sujet récurrent des routiers lors de leurs rencontres dans les relais est la concurren-ce croissante des chauffeurs des pays de l’Est qui remportent les contrats de transport longue distance. Ils seraient la cause de la baisse des salaires « Avec 300 Euros, ceux-là peuvent vivre comme des rois dans leur pays et ils n’en ont rien à foutre de ce qu’il advient de nous !»

Le salaire brut de Benno est de 2300 Euros. Son temps de travail officiel est de 9 heures par jour mais peut atteindre 13 voire 15 heures.

Et même ces limites sont transgressées à grande échelle par de nombreux expéditeurs avec des tours de passe-passe. "Les conducteurs sont condamnés à des sanctions lors de contrôles spéciaux mais pas le transitaire. La rébellion n’est pas conseillée sinon je peux récupérer mes papiers de suite. Moi parti, 3 chauffeurs de l’Est attendraient mon poste ».


Travail intérimaire et contrats d’entreprise

Benno arrive au centre de distribution Rossmann à Wustermark près de Berlin. Dès que le camion a garé, une armée d’ouvriers de l’entrepôt avec l’inscription « Promota.de » commence immédiatement à décharger les marchandises afin de les stocker sur 24.000 m² d'entrepôt. Aucune de ces « abeilles  industrieuses » ne parle allemand. En polonais, nous apprenons alors que le travailleur d'entrepôt est sous contrats d’entreprise.

Ici et surtout dans les filiales Rossmann à Berlin. Le dépôt et le retrait d’étagères serait leur travail, toujours la nuit. «Officiellement, nous avons obtenu récemment un salaire horaire de 8,50 €. Mais tous les coûts présumés sont déduits par la Société, 150-250 € pour la chambre, le coût du transport, la fourniture des vêtements de l'entreprise. Au final, il resterait un peu plus de 5 € par heure. Mais, à la fin du mois, cela représente tout de même environ 200 € de plus que pour un travail similaire en Pologne ", explique Petr de Lublin.

La livraison suivante de Benno a lieu à Leipzig pour la BMW. Le problème y est similaire: plus de la moitié de tous les employés travaillent avec des contrats de travail temporaire, souligne le syndicaliste Bernd Kruppa de IG Metall. Les travailleurs temporaires à temps plein gagnent en moyenne à peu près la moitié du salaire du personnel permanent.

Cela divise le personnel. Le résultat de cette évolution est expliqué par Michael Hartmann, professeur de théorie des élites: «La déréglementation du travail, les revenus réels entre 2000 et 2010 en Allemagne ont diminué en moyenne de 4,2 %. La moitié inférieure a même dû faire face à des pertes de l’ordre de 13,1 à 23,1 % sur la même période ".


Les fossoyeurs

Une toute nouvelle profession a vu le jour ces derniers temps: Les liquidateurs ou Union Buster. « Il s’agit d’avocats du droit du travail, de détectives privés, de psychologues qui élaborent, pour le compte de l'employeur, les stratégies pour écraser les comités d’entreprise», explique Günther Knop, membre du comité d’entreprise au centre d'appels de la poste Schwerin.

"Dans le passé, il avait des cas isolés, mais depuis la déréglementation les personnes combattant les syndicats et les comités d’entreprise sont légion est un secteur différencié d'un syndicat professionnel et travaille opérateurs de contrôle du conseil surgi, une activité très lucrative soit dit en passant ! De nos jours, l’élection du conseil garantie par la loi devient par leur intervention devient une aventure risquée. "

Pour jeter les conseils de leur entreprise qui ne suivent pas, obtenez le guide pratique gratuit "Licencier les membres du comité d’entreprise". Cette annonce est celle de Michael G. Peters, avocat et conseiller-clients pour le compte d'une banque allemande. Dans son guide mensuel de l'employeur, il affirme qu’un collaborateur "titularisé"  n'existe pas. Que ce soit un membre du comité, une femme enceinte ou une  personne handicapée – celui qui n’a pas un comportement conforme, est foutu dehors"!


Ceux qui échouent sont à blâmer

La seule chose qui compte dans cette société semble être l'égoïsme, le matérialisme et la cupidité. Niels van Quaquebeke, professeur de «Leadership et comportement organisationnel», fait remarquer qu'il était tout à fait commun dans notre société », que les relations sociales rationalisées dominent : les gens sont mes amis, s’ils me font avancer. Que dois-je donner pour obtenir combien? La rationalisation de la moralité a des caractéristiques partiellement totalitaires. Ceux qui échouent, échouent. Mais ceux qui désobéissent sont à blâmer. L'individu porte l’entière la responsabilité de son propre échec. "